DENICA RIADINI‑FLESCH EST LAURÉATE DES PRIX ROLEX À L’ESPRIT D’ENTREPRISE 2023
Lorsque Denica Riadini‑Flesch est rentrée en Indonésie après des années à l’étranger, elle était une économiste du développement qui n’était pas intéressée par l’entrepreneuriat et, selon ses propres dires, « la personne la moins “tendance” du monde ». Depuis, elle a fondé SukkhaCitta, une marque de vêtements éthique et une entreprise sociale qui a eu un impact positif considérable sur la vie des Indonésiens. Cela lui a valu son titre de Lauréate des Prix Rolex à l’esprit d’entreprise 2023.
L’idée de SukkhaCitta lui est venue alors qu’elle était encore économiste du développement et qu’elle se rendait auprès de certaines des communautés les plus rurales d’Indonésie. Ayant grandi en ville, c’était la première fois qu’elle rencontrait les artisanes qui travaillent en si grand nombre dans la gigantesque industrie vestimentaire indonésienne. Elle a été sidérée à la fois par la beauté des vêtements que ces femmes fabriquaient et par leur situation financière, moins de 2 % d’entre elles ayant un salaire décent.
Denica Riadini‑Flesch a donc trouvé un moyen de les aider. SukkhaCitta est une entreprise sociale qui intègre une chaîne d’approvisionnement de vêtements « de la ferme à l’armoire » issus de l’agriculture régénérative. Ses piliers sont l’émancipation des femmes, le respect de la nature et la préservation des cultures locales. Ses pièces sont vendues en ligne ou dans quelques boutiques, écartant ainsi les intermédiaires qui s’approprient bien trop souvent les revenus du travail des femmes. En mettant en relation les artisanes rurales et les clients de manière plus directe, Denica Riadini‑Flesch a les moyens de verser un salaire équitable à ses collaboratrices.
La fabrication de vêtements n’est pas le seul savoir-faire que la fondatrice de SukkhaCitta souhaite préserver. Lors de ses déplacements professionnels, elle avait rencontré Ibu Kasmini, une paysanne de 65 ans à qui sa grand-mère avait transmis la pratique de la culture du coton. Malgré cette tradition familiale, Ibu Kasmini ne cultivait plus de coton, mais du maïs, car plus lucratif.
Denica Riadini‑Flesch a été interpellée par le déclin de l’industrie indonésienne du coton, qui constituait autrefois une grande partie de l’économie du pays. Elle a alors fait une proposition à Ibu Kasmini. Elle la paierait pour cultiver du coton destiné à la fabrication des vêtements de SukkhaCitta, en faisant ainsi une véritable marque « de la ferme à l’armoire ».
Et afin de rendre l’empreinte écologique de SukkhaCitta aussi basse que possible, Denica Riadini‑Flesch a encouragé Ibu Kasmini à utiliser des techniques d’agriculture régénérative. Le coton est souvent considéré comme la culture la plus polluante sur terre en raison de la quantité d’herbicide nécessaire pour qu’il pousse. Le savoir ancestral transmis par la grand‑mère d’Ibu Kasmini et par d’autres femmes permet d’y remédier.
Ibu Kasmini a planté du piment pour attirer les ravageurs, préservant ainsi le coton semé à côté. Elle a aussi planté des haricots mungo qui aident la terre à absorber l’azote et du maïs, dont la hauteur des plants protège le coton du soleil. En tout, elle a planté 20 espèces différentes mais complémentaires.
Les résultats ont été extraordinaires. Le rendement du coton a été multiplié par six par rapport aux précédentes tentatives. En parallèle, les cultures complémentaires, récoltées pendant différentes saisons, ont assuré aux paysannes un revenu tout au long de l’année. La preuve vivante des avantages d’une approche régénérative de l’agriculture. « Prendre soin de Mère Nature, c’est prendre soin de nous‑mêmes », déclare Ibu Kasmini.
Créée il y a sept ans par trois femmes, SukkhaCitta travaille aujourd’hui avec plus de 400 personnes, dont des agricultrices, des teinturières, des artisanes, des tisserandes et des couturières.
SukkhaCitta signifie « bonheur », un nom qui n’est pas usurpé au vu de ce qu’elle apporte aux artisanes. Les femmes travaillant avec SukkhaCitta ont vu leurs revenus augmenter d’en moyenne 60 %, ce qui leur a donné plus de poids pour décider des dépenses du foyer. Non seulement leurs familles en ont profité, mais aussi souvent tout le village. « En aidant une femme à devenir indépendante, ce n’est pas une seule personne que l’on aide. C’est aussi garantir à ses enfants l’accès à l’éducation et aux soins. Accompagner une femme sur le chemin de l’autonomie financière, c’est lui permettre d’aider toute sa communauté », affirme Denica Riadini‑Flesch.
L’entrepreneuse a aussi créé quatre écoles d’artisanat en Indonésie, et une cinquième est prévue. Rumah SukkhaCitta, « maison du bonheur », sont les premières écoles d’artisanat textile d’Indonésie. Les femmes y apprennent comment être rémunérées décemment pour leur production et comment monter et gérer leur entreprise. Dans certains villages, ce sont les femmes plus âgées et plus expérimentées qui enseignent le tissage, la teinture et les techniques agricoles à de jeunes mères, reproduisant ainsi la transmission ancestrale du savoir de mère en fille.
SukkhaCitta a d’ores et déjà eu un impact important. Elle a bouleversé la vie d’environ 1500 personnes et ses techniques d’agriculture traditionnelles ont restauré plus de 30 hectares de terres dégradées. L’utilisation de teintures 100 % naturelles à la place des teintures chimiques privilégiées par la plupart des producteurs textiles a évité le rejet dans les fleuves indonésiens de plus de trois millions de litres de colorants toxiques.
La tâche de Denica Riadini‑Flesch est pourtant loin d’être terminée. Faire partie de l’Initiative Perpetual Planet, grâce à son Prix Rolex, est l’occasion de développer l’action de SukkhaCitta : « Ce qui est fantastique c’est que Rolex vous donne une plateforme qui vous permet de parler de ce en quoi vous croyez vraiment, pour encourager d’autres personnes à agir. C’est dans l’ADN de Rolex, de soutenir des pionniers. »
Elle projette de tripler le nombre d’écoles d’artisanat grâce au soutien de Rolex. D’ici 2030, elle a pour ambition de toucher 10 000 personnes et de régénérer 1000 hectares de terres. Elle lance aussi une application pour les cours en ligne de SukkhaCitta, afin de rendre son projet accessible même aux femmes indonésiennes les plus isolées, qui vivent sur différentes îles et parlent différents dialectes.
À PROPOS DE L’INITIATIVE PERPETUAL PLANET
Depuis près d'un siècle, Rolex soutient des pionniers qui défient les éléments pour se rendre dans les lieux les plus inhospitaliers sur Terre. Au fil du temps, les liens entre la marque et l’exploration ont évolué, la volonté de découverte s’étant enrichie d’un engagement à long terme envers des personnes et des organisations qui cherchent à comprendre les défis environnementaux actuels et proposent des solutions pour y faire face.
En 2019, cet engagement a été renforcé par l’Initiative Perpetual Planet, qui comprend les Prix Rolex à l’esprit d'entreprise et plus de trente partenaires, dont Mission Blue et la National Geographic Society, avec lesquels Rolex partage des liens de longue date, ou de jeunes organisations telles que Coral Gardeners.
Les Prix Rolex à l’esprit d’entreprise, l’un des piliers de l’Initiative Perpetual Planet, compte parmi ses Lauréats Grégoire Courtine, qui développe une technologie novatrice pour traiter les lésions de la moelle épinière, et Hindou Oumarou Ibrahim, dont la collaboration avec des communautés locales permet de cartographier les ressources naturelles pour prévenir les conflits dans le Sahel.
Rolex est en outre partenaire d’organisations et d’initiatives telles que The Rolex Explorers Club Grants et Our World-Underwater Scholarship Society, qui, par l’octroi de bourses, favorisent l’émergence de nouvelles générations d’explorateurs, de scientifiques et de biologistes de la conservation.