Premier primatologue de Côte d’Ivoire, Inza Koné a consacré sa vie à l’étude et à la protection des primates. Il a découvert sa vocation alors qu’il avait huit ans et qu’il s’était attaché à un jeune babouin, Kouassi.

Ils étaient très proches, mais les années passant, Kouassi devenait plus gros et plus agressif. La famille n’a pas eu d’autre choix que de l’euthanasier. Inza Koné était effondré et en proie au doute, se demandant ce qu’ils auraient pu faire différemment : « Je me suis juré de défendre les primates. »

La mission d’Inza Koné lui a valu de faire partie des Lauréats des Prix Rolex à l’esprit d’entreprise 2023, en récompense de son ambitieux travail de conservation dans l’une des forêts à la biodiversité la plus riche de Côte d’Ivoire.

L’activité humaine en Côte d’Ivoire n’a laissé que 2 % de sa forêt primaire intacte, mais, à l’extrémité sud-est du pays, se trouvent 11 000 hectares de forêt tropicale immaculée, celle de Tanoé‑Ehy. Protégée par son terrain marécageux et hostile, elle abrite des espèces que l’on ne trouve nulle part ailleurs, dont au moins 33 espèces endémiques de plantes, 19 espèces d’oiseaux menacées et 10 espèces endémiques d’amphibiens.

Mais ce sont plus précisément neuf espèces de primates, dont quatre des plus menacées d’Afrique de l’Ouest, qui ont attiré Inza Koné dans la Forêt des Marais Tanoé-Ehy. C’est notamment le cas du colobe rouge de Miss Waldron, une espèce qui n’a plus fait l’objet d’une observation scientifique depuis les années 1970. « Partir à la recherche d’une espèce considérée comme disparue ou éteinte constitue un défi de grande ampleur, mais c’est aussi très motivant, affirme Inza Koné, car si nous redécouvrons ce singe, nous marquerons l’histoire. »

La première étape pour protéger ces primates est de protéger la forêt. En 2006, Inza Koné a fait collaborer 11 villages des alentours de Tanoé‑Ehy à des programmes innovants de conservation gérée par les communautés. Ensemble, ils ont écarté des menaces comme le braconnage, l’exploitation forestière illégale et la déforestation à des fins agricoles. En décembre 2021, la Forêt des Marais de Tanoé‑Ehy a été déclarée « réserve naturelle volontaire » et propriété des villages alentours. Le Prix Rolex à l’esprit d’entreprise d’Inza Koné reconnaît le caractère décisif de son travail dans cet écosystème unique et, en lui permettant de rejoindre l’Initiative Perpetual Planet, soutiendra son projet pour les années à venir.

« Il est essentiel de combiner le bien-être des communautés locales avec la conservation de la nature », explique Inza Koné.

Le primatologue et ses collaborateurs ont donc construit une petite usine de transformation de manioc qui a multiplié par cinq les revenus des agriculteurs de la région. « Nous ne disons pas aux communautés d’arrêter de cultiver la terre, mais simplement qu’il est possible de le faire sans déforester. » Le programme encourage aussi les agriculteurs à reboiser les zones déforestées – si bien que plus de 10 000 semis ont été plantés ces cinq dernières années –, à faire pousser des haies pour séparer les terres cultivées de la forêt et à créer des jardins botaniques à but pédagogique.

La faune a aussi profité de ces mesures, le nombre de primates observés dans la forêt ayant augmenté. « Les communautés sont conscientes que pour continuer à pêcher et à cultiver la terre, elles ont besoin de pluie. La pluie est régulée par la forêt, l’existence de la forêt repose sur les singes, les oiseaux et d’autres animaux pour la dispersion des graines et le cycle des nutriments. Elles savent que préserver les arbres ne suffit pas, elles doivent aussi protéger les animaux », affirme Inza Koné.

Même les braconniers, qui chassaient ces animaux, se sont révélés des acteurs majeurs de leur protection. Étant les mieux placés pour savoir comment pénétrer au cœur de la forêt, ils jouent désormais un rôle crucial dans la protection de la faune de Tanoé‑Ehy.

Grâce à eux, Inza Koné a pu circuler dans la forêt pour surveiller son état de santé et chercher le colobe rouge de Miss Waldron, une espèce probablement disparue. Bien que la dernière observation officielle de cet animal remonte à 1978, de nombreux villageois travaillant avec le primatologue ont affirmé l’avoir vu dans la forêt. Les collaborateurs d’Inza Koné utilisent leur impressionnant arsenal de techniques de surveillance pour suivre les traces du singe, comme les drones, la collecte d’ADNe ou les quelque 70 pièges photographiques disséminés dans la canopée. Le volume de données collectées indique une augmentation prometteuse du nombre de primates dans la forêt, mais pas de signe du colobe rouge de Miss Waldron. Mais Inza Koné reste déterminé à trouver le singe disparu, car il sait qu’une telle découverte pourrait donner plus de poids à son projet de conservation de Tanoé‑Ehy.

Remporter le Prix Rolex à l’esprit d’entreprise aidera Inza Koné à faire passer son programme de conservation au niveau supérieur, en permettant à ses collègues de tracer des chemins plus accessibles à travers la forêt et d’avoir des personnes plus souvent sur place pour empêcher le braconnage et l’exploitation forestière illégale. Inza Koné et son équipe envisagent également de soutenir davantage les agriculteurs locaux et d’intensifier les efforts de sensibilisation à la conservation des marais et de la forêt. Enfin, Inza Koné espère reproduire ce modèle dans toute l’Afrique de l’Ouest, à commencer par l’expansion de la réserve sur l’autre rive du fleuve Tanoé, au Ghana, afin de protéger la Forêt des Marais Tanoé‑Ehy des deux côtés de la frontière.

En bref, la mission d’Inza Koné est loin d’être accomplie : « Je me suis attaché à cette forêt, c’est difficile de la quitter. Je pense que c’est le plus bel hommage que je peux rendre à mon ami d’enfance, Kouassi. »

À PROPOS DE L’INITIATIVE PERPETUAL PLANET
Depuis près d'un siècle, Rolex soutient des pionniers qui défient les éléments pour se rendre dans les lieux les plus inhospitaliers sur Terre. Au fil du temps, les liens entre la marque et l’exploration ont évolué, la volonté de découverte s’étant enrichie d’un engagement à long terme envers des personnes et des organisations qui cherchent à comprendre les défis environnementaux actuels et proposent des solutions pour y faire face.

En 2019, cet engagement a été renforcé par l’Initiative Perpetual Planet, qui comprend les Prix Rolex à l’esprit d'entreprise et plus de trente partenaires, dont Mission Blue et la National Geographic Society, avec lesquels Rolex partage des liens de longue date, ou de jeunes organisations telles que Coral Gardeners.

Les Prix Rolex à l’esprit d’entreprise, l’un des piliers de l’Initiative Perpetual Planet, compte parmi ses Lauréats Grégoire Courtine, qui développe une technologie novatrice pour traiter les lésions de la moelle épinière, et Hindou Oumarou Ibrahim, dont la collaboration avec des communautés locales permet de cartographier les ressources naturelles pour prévenir les conflits dans le Sahel.

Rolex est en outre partenaire d’organisations et d’initiatives telles que The Rolex Explorers Club Grants et Our World-Underwater Scholarship Society, qui, par l’octroi de bourses, favorisent l’émergence de nouvelles générations d’explorateurs, de scientifiques et de biologistes de la conservation.